27 mars 2017 - Laura - L'Almanach candide

L’autre côté de l’espoir

Cinéma : le Tamis s’improvise critique et vous recommande chaudement le dernier film d’Aki Kaurismäki “L’autre côté de l’espoir” – ça passe en ce moment à Marseille et ailleurs.

Courez-y !!!

Après Le Havre, sorti en 2011, Aki Kaurismäki propose une nouvelle fable questionnant la migration et l’accueil des étrangers en Europe. “Le Havre” se déroulait au Havre, évidemment, et était porté par de splendides acteurs francophones. “L’autre côté de l’espoir” nous amène à Helsinki, capitale de la Finlande, pays de naissance de Kaurismäki. Double exotisme donc, celle d’un regard sur le monde encore et toujours surprenant de la part de ce réalisateur singulier, et celle d’une langue inconnue et lointaine, qui sonne et qui détonne, en particulier dans les épisodes blues – rock du film.

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Aki Kaurismäki travaille le contraste comme un maître du Chiaroscuro, comme s’il fallait prendre les points les plus diamétralement opposés du spectre lumineux et colorimétrique pour pouvoir toucher du doigt la justesse d’un propos. On est dans la lenteur qui trace, le désespoir joyeux, le silence parlant, la subtilité brutale. Il n’y a pas assez d’oxymores pour qualifier ce film poétique, intelligent et lumineux, aux décors surannés et aux comédiens incarnés, qui jouent et ne jouent pas la comédie.

Pour la critique classique, les inrocks en parlent ci-dessous, et beaucoup d’autres encore :

http://www.lesinrocks.com/…/films-a…/lautre-cote-de-lespoir/

27 mars 2017 - Laura - Les plis

S’abonner aux Plis

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À intervalles non réguliers, les Plis du Tamis parviennent directement dans vos boites mail… à condition de figurer en bonne place dans notre liste d’adresses ! Vous pouvez ajouter la vôtre en cliquant sur l’image ci-bas…

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… et vous en défaire aussi simplement, en pied de Pli !

17 février 2017 - L'équipe - Les plis

Le pli – Février 2017

Voici le nouveau pli du Tamis !

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4 janvier 2017 - Julia - Correspondances 2016-2018

Tiss ma Journée Internationale des Migrants !

Je quitte ma patrie et je laisse ma vie comme dette
Je fuis… et ma mère me suit.
Ma mère me dit :
Ma dette, ma dette,
Mon lait, mon lait,
Mes nuits, mes nuits, éveillées,
Te suivront.

Taha Abou-Alatahia, « tragédie d’un réfugié »

Le 17 décembre dernier, Le Tamis a participé à la semaine d’action organisée dans le cadre de la Journée internationale des migrants. Cette commémoration, décrétée par les Nations Unies puis réinvestie par la société civile, était animée sur Marseille par un ensemble d’associations et de collectifs, réunis sous la bannière réseau hospitalité. Cette année, l’idée portée par ce réseau était de focaliser les actions proposées sur les notions de solidarité et d’hospitalité, de valoriser les expériences positives de l’accueil, d’interroger les projections de l’ici et de l’après.

C’est devant la place de la Préfecture que Le Tamis, avec son atelier Tiss-me, a invité les passant.e.s à marquer leurs parcours au fil de laine. Dans ce jeu/performance les participant.e.s simulent un départ soudain de leur foyer pour atteindre un nouveau chez soi : le rêve doré.

Réalité augmentée

L’atelier Tiss-me, rappelons-le, s’inscrit dans le projet plus large des Chevauchées, dont l’objet est « d’explorer ensemble nos imaginaires collectifs ». La première série d’ateliers de ce projet se focalise sur le thème des migrations. L’idée de Tiss-me est donc moins de mettre les joueur/se.s face aux réalités vécues par les migrants que de faire ressortir les manières dont on se les représente. Ici, on ne cherche pas à distinguer le vrai du faux. On cherche à faire se rencontrer des images, des projections, des idées, des mots, des couleurs et des récits associés aux idées que l’on se fait d’un parcours migratoire.

Objets

Le scénario proposé est le suivant : la ville s’effondre et il faut la quitter en urgence. Les passagers qui embarquent pour Tiss-me doivent réfléchir à trois objets, seuls témoins de leur passé, seuls compagnons de voyage : un objet souvenir, un objet utile pour le futur et un objet secret.

Chaque voyageur/se se raconte une histoire différente. Le choix du bon objet tourmente. D’abord, on fait appel à son sens pratique, en choisissant de prendre avec soi un téléphone, une carte bleue ou encore un couteau suisse – objet aux choix multiples révélateur de l’indécis.e. Puis le spectre de la nostalgie nous rattrape et l’on glisse dans son sac un peu d’amour, un frère, un été à Marseille ou encore un objet transitionnel tel qu’une boîte ou un doudou, pour palier le chagrin lié au départ contraint. Les plus courageux se donnent de la force en remplissant leurs poches d’objets aux supers pouvoirs. Ainsi nous voyons défiler au fil de l’eau un casque de réalité virtuelle, un nuage, de la lumière, des traitements médicaux pour tous ou encore un coquillage, pour écouter et réécouter le rivage que l’on quitte.

Du clownesque…

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Cette traversée individuelle projette les joueur/se.s dans un univers farfelu dans lequel  on est balloté d’une frontière à l’autre, expérimentant les contrôles à répétition, l’attente, la suspicion et l’assimilation de pratiques culturelles jusqu’alors inconnues. Des personnages burlesques, animés par des acteurs dotés d’un imaginaire loufoque, nous font passer d’une dimension à l’autre sans que l’on comprenne comment on en est arrivé là…

Sur la côte depuis laquelle le voyage s’amorce, des pirates semblant sortis d’un rêve étrange alpaguent les passants qui arpentent les rues machinalement, au sortir de leurs courses de noël. Une fois embarqués dans le circuit, les joueur/se.s sont interceptés par des fonctionnaires surréalistes qui légitiment leurs pratiques incongrues en se targuant de supposées compétences médicales. Après s’être fait mesurer le nez, avoir réussi l’impitoyable examen d’équilibre de la noix de coco et éventuellement reçu une injection, les patient.e.s sont autorisés par ces médecins autoproclamés à reprendre la route.

Puis commence un face-à-face avec des guichetières d’une galaxie lointaine qui se revendiquent d’une administration volante non identifiée. Celles-ci nous convient à un temps d’introspection, nous soumettant à un interrogatoire déroutant sur les causes de notre migration, nos attentes sur la destination finale et les conditions d’accueil que nous y trouverons.

Il ne reste plus qu’à se mettre les policiers dans la poche et l’on accède enfin au rêve doré ! En effet, le parcours de migration se termine dans ce théâtre coloré où l’on se laisse bercer par des scènes oniriques. Lectures de poèmes en français et en arabe, mises en corps par un jeu de marionnette happent les regards et captent les oreilles attentives.

… Et du sérieux

Les interviews menées par les guichetières de l’administration volante non identifiée amènent les passant.e.s à repenser la notion d’hospitalité. Dans cette troisième étape du jeu, les joueur/se.s se recentrent et tentent d’imaginer les attentes et les craintes engendrées par l’accueil de migrant.e.s, tant pour celui qui reçoit que pour celui qui arrive.

C’est l’envie que j’ai dans mon cœur d’aller voir ce qu’il se passe ailleurs qui m’a envoyé !

A la question de savoir s’il existe des raisons plus légitimes que d’autres d’entreprendre une migration, deux causes semblent ressortir. Alors que certains joueur/se.s mettent en scène le drame, la nécessité de partir, d’autres invoquent la simple curiosité, l’envie de découvrir, d’aller vivre dans un autre pays comme un « droit universel ».

Accueillir, ça veut dire autoriser quelqu’un à exister quand il arrive.

Que veut dire pour vous le mot « accueillir » ?  C’est majoritairement l’idée de volonté qui ressort, le principe selon lequel les personnes qui accueillent doivent le faire avec plaisir, bienveillance, et non par charité. Également la notion de partage est prégnante : accueillir, c’est prendre le temps d’échanger. Ensuite, l’idée d’accepter l’autre, de prendre la personne comme elle est, et de lui donner les moyens de rester elle-même. Enfin, certain.e.s se demandent si la notion d’accueil ne cache pas une violence symbolique, mettant une distance avec un « autre » que l’on autorise à venir « chez soi ».

Changer ses habitudes, oui, sa personne, non.

Comment incorporer de nouvelles mœurs sans oublier qui l’on est ? Voilà une interrogation qui revient à plusieurs reprises dans la réflexion autour du mot « intégration ». Faut-il changer ses habitudes lorsque l’on arrive quelque part, et si oui, lesquelles ? Pour quelques personnes, l’intégration n’est pas tant l’affaire de celui qui arrive que de celui qui reçoit. Elles insistent sur l’importance d’une acceptation mutuelle, considérant le/la voyageur/se comme allant à la rencontre d’une culture en mouvement.

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Remerciements à Annalisa Lollo, Laura Spica, Mikaëla Le Meur, Sarah Limorté, Sofia Tierno, Irene Lentini, Taha Abou-Alatahia, Béatrice Guyot, Marien Guillé, Ulysse Ménard, Arnaud Chary, Farhana Hosen et Julia Henin qui ont animé le jeu avec entrain et imagination.

 

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5 décembre 2016 - Ulysse - Chroniques sur le guidon

Un Atelier très relevé !

Déclic : Petit mécanisme de déclenchement qui, actionné, détermine le fonctionnement ou l’arrêt d’un appareil. Faire jouer un déclic. (CNRTL)

Vendredi 18 novembre, Centre Régional d’Information Jeunesse Provence-Alpes, Marseille Canebière. Le décor est planté pour un atelier Déclic’ organisé par le RadioLab, le labo-média intergalactique de Radio Grenouille destiné à mettre en réseau des médias jeunes et étudiants de la région. Invité à venir exposer un projet de média, le Tamis a répondu présent à l’appel et s’est rendu sur place pour profiter de l’avis de « personnes ressources » triées sur le volet, dont l’expérience dans l’animation et la gestion de médias écrits, filmés ou encore sonores n’est plus à démontrer.

Présentation Dynam'hit

Un projet sur la comète ?

Si le Tamis n’est pas à proprement parler un média et que le collectif met en question les limites de la « jeunesse », tant d’un point de vue conceptuel qu’empirique (nous tentons encore de compter nos cheveux blancs), l’atelier Déclic’ s’est révélé être un excellent espace pour tester un projet un peu particulier. Il s’agit d’une plateforme multimédia interactive, conçue comme matrice de réalisation et support de valorisation des Chevauchées de nos imaginaires collectifs, dont le premier volet est placé sous le signe des Correspondances. Cette plateforme, inspirée par la narration « transmédia » (web-documentaires etc.), proposerait au téléchargement des ateliers (ou expériences), créant la possibilité, pour les participants, de produire et de mettre en ligne des contenus multiformes fédérés par une thématique commune. La plateforme verrait ainsi se constituer une enquête multi-située sur nos imaginaires collectifs et proposerait aux visiteurs la restitution au long-cours des résultats construits par les participants. Projet sur la comète ? Ptet ben qu’oui, ptet ben qu’non !

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L’atelier Déclic’ auquel nous avons participé nous a permis de mettre à plat les enjeux de ce projet ambitieux et stimulant, d’en dresser quelques lignes de fuite et d’esquisser des réponses aux grandes questions que la mise en place d’une telle plateforme pose.

Déroulement

Les ateliers Déclic’ sont avant tout des rencontres entre des porteurs de projets et des personnes ressources pour les guider sur des problématiques rencontrées au fil de l’eau. L’enjeu de ces ateliers, au-delà de trouver des solutions concrètes à des difficultés, est de créer des passerelles entre professionnels et novices en matière de médias. La transmission et le partage des expériences est une démarche qui fait écho aux principes du Tamis aussi deux de ses membres se sont rendus sur place avec entrain, animés par un sentiment de curiosité et d’excitation lié à l’inédit de l’aventure.

Après une courte introduction et quelques exercices pour briser la glace résiduelle entre les participants, les duos projets/ressources se sont formés pour entamer les discussions. Le Tamis a eu la chance de travailler avec Benoît Ferrier, directeur chez Tabasco Vidéo, une association de développement de projets audiovisuels installée dans le quartier de la Joliette. Après avoir fait connaissance, évoqué ce qui nous meut, raconté des bribes de nos histoires,Benoît nous a présenté des projets développés par Tabasco Vidéo et ses partenaires. Ces projets combinant art et sciences sociales, enquête et restitution, expériences sensibles et voyages connectées, se sont révélés très ressemblants à celui de la plateforme des Chevauchées. Et puisque les premiers existent bel et bien, ils ont rendu le dernier possible, évident et presque tangible. Nous retenons entre autres le Fatch, un journal transmédia qui n’en est pas moins qu’à son huitième numéro, mais aussi des balades authentiques et connectées : les Héros de Marseille.

Une belle affaire !

L’idée d’un média participatif est restée au cœur de la discussion entre le Tamis et Tabasco Vidéo pour finalement aboutir à une ébauche de plan de la plateforme multimédia des Chevauchées. Sans se laisser endormir, Benoît Ferrier a écouté nos paroles, nos envolées sur les Chevauchées et a pris notre projet au sérieux tout en acceptant sa part d’imaginaire. Il nous a apporté du grain à moudre et nous avons pu, ensemble, étudier sa faisabilité (recrutements, formations, subventions). Le Tamis a ainsi eu l’opportunité de discuter des limites et des dangers que représente un grand projet pour une petite structure, sans détruire le désir de le mener à bien. Chapeau bas pour Benoît !

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Le Tamis remercie aussi RadioLab pour l’invitation à cet atelier Déclic’ ainsi que tous les participants dont nous avons soigneusement recueilli tous les avis et commentaires. Nous espérons que cet atelier, une grande première, aboutira à d’autres projets collaboratifs stimulants.

Mikaëla Le Meur & Ulysse Ménard.