Regards alertes, oreilles tendues et crayons à la main, les explorateur.rice.s des mondes inconnus ont parcouru, vendredi 13/10 et samedi 14/10 les Archives Départementales des Bouches du Rhône, à l’occasion de la 26ème édition de la Fête de la Science, organisée en région PACA par l’association les Petits débrouillards. Collégien.ne.s, lycéen.e.s, enfants accompagnés de leurs parents et (jeunes) adultes ont été missionné.e.s par Le Tamis pour partir à la découverte des personnes, des histoires et des objets qui habitent ce lieu. Cette enquête collective à donné lieu à la création de différentes cartographies participatives, permettant de restituer les explorations.
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La Fête de la Science est une manifestation qui invite à découvrir les sciences, à s’informer sur l’actualité scientifique sous des formes variées, interactives et ludiques, en rencontrant des professionnels des diverses disciplines et de la médiation scientifique. C’est donc aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône que se tenait, à Marseille, le village des sciences, réunissant des acteurs scientifiques, qui proposaient sur leurs stands expériences, manipulations, expositions, conférences, spectacles, projections etc. Cet évènement nous a fourni une occasion inespérée de pénétrer dans les locaux des Archives qui ne sont ouvertes que deux fois dans l’année : lors des Journées du Patrimoine… et pour la Fête de la Science.
Archivez, vous êtes observés
Durant la journée du vendredi, le Tamis a accompagné des scolaires et des jeunes adultes au cœur du bâtiment des archives, ouvert spécialement pour l’occasion, mais uniquement accessible avec l’aide des médiateur.rice.s culturel.le.s du lieu. Guidé.e.s par Paul, Isabelle et Chloé, nos jeunes observateur.rice.s ont déambulé dans les locaux des Archives, où sont stockés sur sept étages une multitude de documents… le plus ancien datant de l’an 814, année de la mort de Charlemagne !
À la différence des visites guidées habituellement réalisées aux archives, l’exploration proposée par le Tamis demandait aux participant.e.s d’adopter une posture active : leurs accompagnateur.rice.s avaient pour consigne de ne fournir des explications que si des questions étaient formulées. Les médiateur.rice.s culturel.le.s étaient alors sollicité.e.s par les enquêteurs et les enquêtrices pour répondre à leurs questionnements sur le lieu, pour les aiguiller vers les espaces qui les intriguaient, pour ouvrir les portes interdites aux visiteur.se.s habituel.le.s, pour rencontrer de nouveaux interlocuteur.rice.s avec qui organiser de cours entretiens.
« Votre mission : rencontrer, observer, raconter »
Chaussant leurs lunettes d’anthropologue, les participant.e.s aux ateliers organisés par le Tamis devaient, à l’issue du parcours d’exploration, rapporter leurs anecdotes d’enquête, soigneusement notées sur leurs carnets de terrain. Afin de se familiariser à la pratique de la recherche en sciences sociales, les anthropologues en herbe avaient trois missions à remplir : faire des entretiens sur le vif avec les personnes qui travaillent sur le lieu ; noter et rapporter leurs observations personnelles et leurs ressentis ; être à même de décrire ou de redessiner un des curieux objets aperçus en chemin.
Mappa mundi collectiva et multiplex
De retour en salle des cartes (i.e. le stand du Tamis), les participant.e.s devaient restituer leur exploration par l’intermédiaire d’une carte en 3D représentant les lieux visités. Recherchant dans leurs carnets de terrain les rencontres et les expériences qui les avaient le plus marquées lors de leur exploration, ielles ont travaillé collectivement à fabriquer des cartouches destinés à peupler le fond de carte proposé par l’association. Entre le galet, espace inconnu qui ne faisait plus de mystère pour les explorateur.rice.s, la salle de lecture des codex, les bureaux inaccessibles au public et les divers recoins du bâtiment, les apprenti.e.s cartographes ont alimenté la carte avec les citations des personnes interviewées, leurs observations personnelles et les objets rapportés.
Exemple de carte personnage :
Spiderman – superhéros : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. »
Extraits des cartouches :
« Espace archives : lumière artificielle, température constante surveillée à 18°C, odeur de papier, son sifflant »
« Galet : bruit de ventilation, froid, tout gris, long couloir, épuré, sent le vieux »
Citation de Fatima J. – Historienne, géographe et agent d’accueil : « Tout est une question de point de vue ! »
Le village des scientifiques : l’exotisme près de chez vous !
Le samedi, le Tamis a adapté son atelier au public des familles venues au Archives Départementales pour découvrir la Fête de la Science. Une variante de l’exploration de la veille a donc été proposée aux visiteur.se.s : aller à la découverte de « la tribu des scientifiques » et de son village, comprendre son langage décoiffant, observer ses mœurs parfois étonnantes et décrire ses objets bizarres. Il s’agissait, pour les animatrices du Tamis, d’amener les passant.e.s à porter un regard anthropologique sur l’événement de la Fête de la Science, tout en invitant les personnes à s’amuser en adoptant une posture singulière : passer du statut de visiteur.se au statut de commentateur.rice de l’évènement. Les enfants et leurs parents se sont prêté au jeu, équipés d’un simple carnet de terrain et d’un crayon, mais animés par le pouvoir phénoménal de leur imagination !
En prenant comme « terrain d’enquête » la Science – les objets, les expériences, les scientifiques, les participant.e.s se sont découverts explorateur.rice.s d’un monde…
Après une courte présentation de cette science qu’on appelle l’anthropologie – par un exposé basé sur une collection de chapeaux incroyables –, les visiteur.se.s ont débuté leur enquête pour répondre aux questions suivantes : Qui font les sciences et les partagent ? Quelles sont les découvertes présentées lors de la Fête de la Science ? Que représentent les objets des scientifiques ? À quoi servent les expériences scientifiques ? . Les participant.e.s, passant.e.s, curieux.ses des Sciences, « coachés » par les animatrices anthropologues du Tamis ont ainsi rempli leurs missions d’exploration.
Une fois le village parcouru, ielles revenaient sur le stand du Tamis afin de partager leurs découvertes et ajouter leur carte Objet, Observation ou Personnage pour compléter la cartographie de la Fête de la Science de leurs trouvailles. Les (tout.e.s) petit.e.s, comme les grand.e.s, ont alimenté une nouvelle cartographie participative avec leurs descriptions et leurs observations, en faisant la part belle à leur point de vue sur l’expérience et en racontant leurs histoires d’exporteur.rice.s, revenu.e.s de contrées lointaines et exotiques.
Extraits des cartouches :
« J’ai mis un casque de réalité virtuelle et j’ai eu un peu peur. – Mohammed »
« Stupéfiant ! 35 tonnes de mercure/an arrivent dans l’atmosphère en Arctique (sans compter celui venu par mer/rivière). – Guillaume »
« J’aime les expériences. – Jade »
Cette visite expérimentale a été un prétexte ludique pour parcourir les différents stands scientifiques présents lors de cet événement, tout en familiarisant les visiteur.se.s aux sciences humaines. C’était aussi une belle occasion de partager avec les passant.e.s et les autres exposant.e.s ce qui nous meut au Tamis.
La carte de la Fête de la Science réalisée le samedi est actuellement en exposition dans les locaux des Petits Débrouillards (organisateurs de l’évènement) à Frais Vallon. Le Tamis envisage d’organiser une exposition des résultats de l’atelier d’« Histoire des mondes mé/inconnus », auprès des différents partenaires et participant.e.s rencontré.e.s.
>> Merci aux animatrices et rédactrices de ce compte rendu :
Élodie, Fleur, Julia, Marjolaine et Mikaëla